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Quiconque tombe dans le piège Hartz IV, a peu de chance d’éviter la pauvreté. Selon une étude réalisée par l’Association à l’aide sociale paritaire (Paritätischer Wohlfahrtsverband), les trois-quarts des personnes concernées restent à jamais tributaires de Hartz IV.

La simple menace de tomber dans le piège Hartz IV oblige beaucoup de chômeurs à accepter des emplois à bas salaire, avec peu d’heures de travail et sans sécurité, ni droits à la retraite ou à d’autres allocations. Un commentaire publié par le journal Süddeutsche Zeitung à l’occasion de l’anniversaire de Hartz IV, arrive à la conclusion suivante : « Hartz IV a établi le principe qu’il vaut toujours mieux travailler pour moins d’argent que de vivre à vie en dépendant de l’Etat. »

On peut voir les conséquences des lois Hartz dans d’innombrables statistiques. A peine 29 millions d’Allemands sur près de 42 millions de travailleurs ont un emploi qui est soumis au régime de sécurité sociale. Quelque 5,5 millions d’hommes et de femmes travaillent à temps partiel et 4,1 millions gagnent moins de 7 euros de l'heure. 4,5 millions de personnes dépendent de de Hartz IV, dont 1,4 million doivent travailler sans pouvoir gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins.

Le secteur à bas salaire sert à son tour de levier pour tirer vers le bas les salaires du restant du secteur industriel. Durant la dernière décennie, les augmentations du coût unitaire salarial a été minimal en Allemagne : le pays se situe au bas de l’échelle européenne à cet égard.

Les associations patronales, les médias et les partis politiques influents ont célébré les réformes Hartz IV comme étant un franc succès. Dans le journal Bild, l’ancien chancelier Schröder a qualifié les mesures de « bénéfice net pour la société » qui avait « valu la peine pour notre pays. »

Si par « notre pays » l’on entend les 10 pour cent les plus riches de la société allemande, alors Schröder a raison. Ils en ont énormément profité. Là, aussi les statistiques sont révélatrices. En 2008, le revenu des 10 pour cent les plus riches était huit fois supérieur à celui des 10 pour cent les plus pauvres. Ce chiffre a augmenté ces quatre dernières années, depuis le début de la crise économique. Dans les années 1990, le rapport était de six pour un.

En 2010, 924.000 millionnaires vivaient en Allemagne à côté de 4,5 millions de bénéficiaires de Hartz IV. Depuis, le nombre de millionnaires devrait avoir dépassé le million.

Les mesures Hartz IV et l’Agenda 2010 qui l'accompagne, introduits par le SPD et Les Verts, ont représenté une attaque contre l’Etat providence allemand qu’aucun gouvernement conservateur n’aurait réussi à concrétiser. Ces « réformes » n’ont été possibles qu’avec le soutien actif des syndicats.

Peter Hartz, quant à lui, n’est pas en mesure de se savourer son « succès ». En 2007, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une lourde amende et il est à présent banni de la société. Hartz a été impliqué dans un scandale de pot-de-vin tellement manifeste et qui impliquait les délégués du comité d’entreprise de Volkswagen que même la justice allemande a finalement été contrainte d’agir.

(Article original paru le 27 août 2012)