Et revoilà les retraites et les discours fanatiques des idéologues du capitalisme dans les médias…
3 ans après le précédent conflit, marqué à la fois par le passage en force anti-démocratique du gouvernement néoconservateur de Sarkozy et la vaine tergiversation des organisations syndicales à soutenir la pourtant nécessaire radicalisation du mouvement, la nullité de la réforme nous revient en pleine face.
En fait de réforme, il s’agissait de briser des tabous et de soumettre les salariéEs, quitte à remettre à plus tard l’approfondissement de la destruction engagée. Incomplète sur le plan financier, tout le monde le disait déjà à l’époque, la loi Fillon a surtout permis d’imposer une inversion du mouvement historique sur la durée du travail et sur les droits aux pensions. Il appartient donc au gouvernement social libéral actuelle d’enfoncer le clou de la trahison.
Quand le temps viendra, nous rappellerons aux organisations syndicales et aux militants partisans leurs responsabilités et leurs très petits et inefficaces calculs politiques de l’époque, sans nier pour autant les difficultés de mobilisation populaire ni les réels efforts des sections à la base. Mais entre celles et ceux qui misaient sur un habituel geste d’apaisement gouvernemental et tous les autres qui incitaient à se reporter sur un hypothétique vote de rejet aux présidentielles, que d’espoirs déçus et de manipulations ! Mais d’abord, place aux revendications nouvelles que nous présentons ici. Elles émanent de l’union locale CNT-française de la Sarthe.
Ces revendications articulent quatre leviers du système des retraites par répartition hérité de nos ancêtres du mouvement ouvrier, un système que nous défendons parce qu’il permet collectivement, et à l’écart de l’Etat, à partir des contributions adaptées aux moyens de chacun, de satisfaire les besoins de tous, en adéquation avec les premiers principes du socialisme révolutionnaire. Les quatre leviers :
- montant égalitaire des pensions (et relèvement des allocations ou indemnités de solidarité) contre les inégalités entre « actifs » et avec les « inactifs » tout au long de la vie ;
- fin des exonérations, élargissement et déconnection des cotisations vieillesse du travail salarié, sans dépendre pour autant des revenus du capital ;
- abaissement généralisé et continu du temps de travail, à la fois sur la durée de la vie et dans sa durée légale quotidienne et hebdomadaire ;
- favoriser l’essor d’une productivité horaire et l’augmentation des revenus salariés mais en dehors et contre l’industrialisme
Le tract de l’UL CNT-f 72 met l’accent sur le premier point, partant du principe que la fin du lien entre contribution des salaires et droit aux pensions va éliminer la question des pensions pendant les phases de chômages imposées aux plus exploités et précarisés des travailleurs : les femmes et les immigrés notamment. Ainsi donc, ce que nous préconisons, c’est que la durée et le montant de cotisation n’intervienne plus dans le calcul et que donc la possession d’un emploi de conditionne pas aux droits ; Ce point ne signifie pas qu’il faut accepter pour autant l’injustice réservée aux femmes et aux immigrants, lesquels sont éjectés en premier de l’emploi. Cette revendication appelle aussi immédiatement une revalorisation des indemnités de tous ceux et de toutes celles qui n’ont pas d’emploi et dont les activités ne sont pas lucratives. Dès lors, quitter un emploi peut devenir un choix !
Sur les trois autres volets, nous aurons l’occasion d’y revenir, précisons seulement à ce stade de notre réflexion que nous ne voulons pas en rester à un système de financement qui s’appuie sur la masse salariale ou les dividendes à taxer (placements spéculatifs) mais bien sur un prélèvement proportionnel à la source, avant toute rémunération du capital sur la valeur ajoutée, quel que soit le nombre d’emplois. Ce taux de prélèvement devra être calculé en fonction des besoins de financement jugés suffisants en fonction de critères de niveau de vie attendu.
Ajoutons aussi que nous luttons pour une revendication de baisse continue du temps de travail, suivant la courbe de productivité horaire, avec dans un premier temps un départ à la retraite à 55 ans et une journée de 6 h, sans baisse de salaires ni licenciement ou précarisations.
Dernier point, nous ne pouvons pas non plus soutenir que notre sécurité sociale subsiste grâce à des activités nuisibles pour la santé et l’environnement ou qui nous dépossèdent de nos métiers par l’automatisation. Il est donc indispensable d’ajouter une critique de l’industrialisme, c’est-à-dire la revendication de la division ou du démantèlement des unités productives gigantesques, marquées par la concentration du capital international, le recours à une main d’œuvre déqualifiées et aux standardisations des méthodes de production en vue de satisfaire des consommations ultra-formatées. La préservation de notre indépendance en tant que peuple passe par une relocalisation dans des petites et moyennes structures de type artisanal que nous pouvons gérer et contrôler directement, dans lesquels les processus productifs respectent le savoir-faire humain et une responsabilité sociétale, où le client n’est pas un consommateur à tromper et où nous avons le souci de la valeur d’usage locale de ce que nous fabriquons. La production à grande échelle doit désormais s’appuyer sur la fédération de coopératives et non pas la centralisation industrielle.
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