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Un déficit bien pratique !

Le déficit de la sécu est devenu l’obsession des médias et de nos gouvernants. On annonce un chiffre énorme de 64 milliards mais qui représente moins de 5 % des recettes (soit moins de 1 % du P.I.B.) alors que les 320 milliards du déficit de l’Etat représentent 26% des recettes totales et plus de 4% du P.I.B.
Depuis des années, l’argument du déficit a été utilisé pour faire payer l’augmentation des dépenses sociales aux salariés. De 1988 à 1995, les cotisations salariales ont augmenté bien plus vite que les cotisations patronales : 25 % contre 8,6%. Ces chiffres ne tiennent pas compte des exonérations patronales qui n’ont, comme chacun le sait, jamais créé d’emplois.
Dans le même temps, on ne peut oublier la baisse des prestations (médicaments, soins, augmentation du forfait hospitalier…)
 
 

64 milliards de déficit mais déjà en 1993 :
Le régime général versait 65 milliards aux autres régimes !
75 milliards de cotisations n’on pas été payés par les entreprises !
10 milliards d’exonérations de charges patronales n’ont pas été reversés par l’Etat !
et sans compter les millions de chômeurs qui ne cotisent pas…

 

Les vautours sur le cadavre de la sécu…

La mise à mal de la sécu est orchestrée en sous-main par un certain nombre de lobbys qui visent à son démantèlement ou à favoriser leurs intérêts corporatistes comme les médecins et l’industrie pharmaceutique. Ceci est le résultat d’un système bâtard où coexiste une médecine libérale associée à une socialisation des dépenses. Ce système transforme la santé et la vieillesse en biens de consommation. Les rapports entre l’industrie pharmaceutique (qui dépense 12% de son chiffre d’affaires pour la recherche et 14% pour la publicité) et les médecins conduisent à augmenter le coût de la santé. Les compagnies d’assurance (qui financent sondages, articles dans les journaux et publicité sur nos écrans TV) veulent accroître leur part du gâteau Sécu en liquidant le régime des retraites par répartition et ainsi s’approprier les milliards qui échappent au marché. Elles sont d’ailleurs aidées par al Commission Européenne qui veut démanteler les mutuelles.

Nous payons, nous voulons.

La C.N.T. refuse catégoriquement une nouvelle augmentation des cotisations salariales et de la C.S.G.

Elle veut :

o Suppression des plafonds de cotisations.

o Suppression des exonérations patronales qui grèvent le budget de la Sécu.

o Remboursement des dettes de l’Etat et des entreprises avec la création d’un fonds de garantie mutuel pour couvrir les entreprises en difficulté.

o Calcul des cotisations patronales sur la Valeur Ajoutée et non sur la masse salariales ce qui permet de ne pas pénaliser les entreprises qui embauchent.

o Imposer l’emploi des produits génériques à l’efficacité égale et prix plafonné pour les autres médicaments.

o Contrôle de la médecine privée par les caisses de Sécu et instauration du carnet médical pour contrôler les abus d’une minorité au dépens de la majorité (revendication rejetée au niveau confédéral- ndlr).

o Arrêt du démantèlement de l’hôpital public et développement des politiques de prévention.

o Unification des 120 régimes de base et des 1200 régimes complémentaires : régime unique pour tout, salariés du public et du privé pour l’égalité devant la maladie et la vieillesse.

o Réajustement des remboursements au tarif actuel (optique, prothèses…).

 

A la croisée des chemins…

En dehors de ces mesures immédiates, une réflexion profonde doit s’engager sur l’avenir de la protection sociale.

De fait, l’Etat aujourd’hui est le véritable dirigeant de la Sécu malgré l’illusion maintenue de la gestion par les « partenaires sociaux ». D’ailleurs, la C.N.T. n’est pas dupe des intérêts réels de certaines organisations syndicales qui profitent de la manne que représente la gestion de la Sécu.

La Sécu est passée de la forme mutualiste à celle de la socialisation par l’extension des ayant-droits tout en ne reposant que sur le travail. Cette logique aurait dû entrainer la participation des revenus du patrimoine. La réduction des recettes par le chômage, les exonérations patronales et parallèlement le gonflement des dépenses condamnent le système à aller vers la fiscalisation et l’étatisation, la C.S.G. étant le premier maillon de la chaîne. Ce qui entraînera une protection sociale minimale, l’Etat n’en ayant pas les moyens. Le reste relèvera du secteur privé pour le plus grand bénéfice des compagnies d’assurance.

Le retour à la mutualisation pourrait être une solution mais elle ne peut se concevoir que par la réduction du temps de travail pour en finir avec le chômage.


C.N.T. 31, Buzet sur Tarn, 1995