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Le sinistre de l'immmigration Eric Besson l'a dit : il n'a pas aimé ce film, il pense que Philippe Lioret, le réalisateur, "a franchi la ligne jaune " car "Suggérer que la police française c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable" . En fait, le film "Welcome" montre comment un maître nageur de Calais, incarné par Vincent Lindon, s'attache à un adolescent irakien immigré clandestin, arrivé dans cette ville du Pas-de-Calais et prêt à tout pour rejoindre sa petite amie émigrée à Londres. Mais il y a bien plus, effectivement...
 
Certains promettent à "Welcome", un destin similaire à celui d' "indigènes" , film à l'énorme succès populaire qui racontait l'histoire des nord-africains tués au combat pendant la seconde guerre mondiale tandis qu'ils libéraient la France et qui eu un impact politique non négligeable.
Dans ce film, il y a beaucoup de sujets qui s'entrecroisent et qui créent l'épaisseur de l'histoire, l'intérêt du scénario. Philippe Lioret avait l'idée de faire un film sur les personnes qui fuyant leurs pays d'origine pour rejoindre l'Angleterre se retrouvaient coincés à Calais.
 
Il y a bien sûr la description, par petite touche successive et très incisive, du quotidien des réfugiés : leur vie sordide, misérable, la répression sourde et cynique de la police nationale et des douanes qui "font leur métier", la lâcheté de la justice... il y a le personnage du maître-nageur, incarné par Vincent Lindon, dont la vie perd du sens et qui rencontre par hasard une realité qu"il avait totalement occulté. Alors que sa générosité du début semblait un peu suspecte d'égo, au fur et à mesure qu'il apprend à connaître ce jeune homme, elle fait place à une estime sincère et à de la vraie solidarité, à ce vieux comportement humain qu'est l'empathie. Dans ce film, il y a aussi un esquisse de la violence dont ces peuples migrants sont capables, tout comme nous, au nom de la tradition et d'un sens de l'honneur d'un autre âge. Pas de miracle.
 
Mais le sujet principal du film n'est pas, selon moi, une étude comparée entre le sort réservé aux juifs sous l'occupation par les pétainistes et ce que la police sarkozyenne fait endurer aux clandestins réfugiés à Calais ou ailleurs. Non, le vrai sujet est bien  le "délit d'entraide".
 
Il s'agit de montrer quel est le sort réservé par l'Etat français à ses administrés désobéissants, ce qu'il en coute de faire peuve d'humanité quand la loi proclame l'inverse. Le film ne suggère absolument pas que les clandestins sont traités comme l'étaient les juifs sous l'occupation nazie même si certains éléments sont troublants, il suggère seulement que les français  sont opprimés de la même façon, le meurtre en moins (ce qui n'est pas la moindre des différences, loin s'en faut) Tout soutien à un indésirable devient suspect  et est durement réprimé, tandis que les médiocres qui capitulent , ou les crapuleux sont encouragés dans leurs penchants les plus vils, par la promotion de la délation, de la dénonciation, de la peur de l'autre... 
 
En sortant de ce film, on a un goût amer; on ressent quelque chose de malsain et on a peine à croire que tout cela peut se dérouler à quelques centaines de kilomètres d'ici.  Si M. Besson s'emporte aussi vite en manquant le sujet principal du film, c'est, outre la caricature commode,  précisément qu'il sait sans doute sur quelle pente nauséabonde ce type de politique incline.