Les libertés publiques

Le fascisme, les régimes totalitaires commencent tous par des remises en cause denos libertés publiques par des lois sécuritaires ou par la militarisation de la société. cette rubrique propose de analyses qui dénoncent ces tendances autoritaires multiformes.

Flash-ball » et maintien de l’ordre : quand la police passe à l’offensive

Article publié dans le numéro 1 de la version papier

mercredi 15 décembre 2010, par JBB - avec Lémi et Grégoire Souchay

Cet article a été publié dans le premier numéro de la version papier d’A11, au début du mois de novembre. Cette date de sortie explique évidemment qu’il ne soit fait nulle mention du décès, le 13 décembre (soit avant-hier), d’un Marseillais de 40 ans, victime d’un tir de flash-ball qui l’a atteint au thorax [1].

« On s’apprêtait à partir calmement. Mais quand on s’est retrouvés à une quinzaine de mètres, les flics de la BAC mêlés aux lignes de CRS ont tiré au flash-ball [...]. J’ai reçu l’un des tirs dans l’œil gauche. […] Sur le moment, j’ai eu l’impression d’avoir encaissé un gros coup de poing, je saignais abondamment. [2] »

C’était le 19 mars 2009, journée de manifestation contre la LRU, à l’occasion d’une action pacifique ciblant un supermarché toulousain. À la sortie du magasin, les CRS chargent violemment les étudiants. Cris, matraques, cohue. Quelques instants plus tard, alors qu’il s’apprête à quitter les lieux, Joan s’écroule à terre, le visage ensanglanté. L’étudiant vient de perdre un œil – ou c’est tout comme [3].

Entre 1977 et 2003, la politique de la ville visait à  » réinjecter du droit commun  » dans les quartiers d’habitat social. Mais depuis, derrière les grands discours, une autre politique se déploie discrètement : la préparation d’une guerre totale aux cités, transformées en véritables ghettos ethniques, chaudrons sociaux dont le  » traitement  » ne relèverait plus que de la force armée. Voilà ce que démontre cette enquête implacable d’Hacène Belmessous, nourrie de documents confidentiels et de témoignages d’acteurs de la  » sécurité urbaine  » – politiques, urbanistes, policiers, gendarmes et militaires. Il explique ainsi qu’un objectif caché des opérations de rénovation (démolition de  » barres  » d’immeubles,  » réhabilitation  » des cités) est de faciliter les interventions policières, voire militaires, à venir dans ces territoires. Et il montre comment, à la suite des émeutes de 2005, deux nouveaux intervenants ont été enrôlés par le pouvoir sarkozyste : les gendarmes mobiles et les militaires de l’armée de terre.

Car avec l’adoption, en 2008, du Livre blanc sur la défense et la sécurité intérieure, l’idée d’un engagement des forces terrestres en banlieue n’est plus un tabou. A Saint-Astier, en Dordogne, les escadrons de gendarmerie pratiquent des exercices de simulation à la guérilla urbaine dans un décor réaliste. Et au camp de Sissonne, dans l’Aisne, des militaires manoeuvrent eux aussi sur des scénarios de combats urbains. Mais, s’ils se disent loyaux envers le chef de l’Etat, nombre d’officiers interrogés récusent ce scénario de l’inacceptable : une probable intervention des armées dans les banlieues françaises. Quant aux gendarmes, ils contestent ouvertement leur rapprochement avec la police, tandis que nombre de policiers, aujourd’hui en première ligne, récusent la militarisation croissante de leur action.

Autant de révélations inquiétantes, pointant les graves dérives d’une politique d’Etat ayant fait sienne un nouvel adage :  » Si tu veux la guerre, prépare la guerre !  »

 

Depuis le début de l'offensive démago-médiatique du "gouvernement", il est de bon ton de dénoncer l'opportunisme électoraliste de la droite en vue des présidentielles de 2012, la gauche bourgeoise des élus  jouant, comme d'habitude, à la vierge effarouchée sur le mode : "mon dieu, l'UMP singe le FN pour nous empêcher de revenir aux affaires, c'est indécent !" La vérité, comme très souvent, n'est pas dans la bouche des partis politiques.

 

En fait, l'UMP et Sarkozy en premier sont de minables larbins aux ordres de bailleurs de fonds qu'ils ont un peu de mal à dissimuler cet été avec les affaires Woerth. Ils ne font que le boulot pour lequel ils ont été rémunéré par le patronat , qui en veut pour son fric depuis 2007.  La criminalisation est un processus importé des USA qui consiste à créer et à amplifier les délits, notamment ceux qui permettent d'enfermer dans des oubliettes carcérales les catégories sociales les plus défavorisées, celles qui subiront l'exploitation économique, mais aussi de manière plus pernicieuse, toutes les oppositions idéologiques organisées.

 

Punir les pauvres, fabriquer des classes dangereuses pour focaliser l'attention de la classe laborieuse sur autre chose que ses conditions de travail et de vie... Le livre de Loïc Waquant paru en 2004 chez Agones : " Punir les pauvres. Le nouveau Gouvernement de l'insécurité sociale" l'expliquait parfaitement bien.

L’excitation est à son comble chez les crétinsdeSouche.fr. L’érection virile d’une bonne chasse aux communistes, aux arabes et aux noirs se manifeste durablement sur les sites à vomis patriotes. La diarrhée verbale habituelle se déverse sans limite : « la menace de l’invasion islamique aidée par les gauchistes et les gangs justifient la protection sans limite de la vraie France ». Le scénario guerrier est idéal et arrive à point nommé. La concrétisation d’années d’effort coordonnées entre les services de sécurité de l’Etat, les réseaux fascistes et les dirigeants du nouvel ordre mondial capitaliste se met en place à la faveur de ces émeutes qui tombent vraiment bien ,au moment précis où il faut soumettre les peuples à l’extorsion de leurs revenus pour le profit des marchés. Voici articles sélectionnés par nos soins qui prouvent les liens entre la criminalisation des pauvres et la préparation de l'opinion à la guerre totale contre un ennemi intérieur et, à long terme, à la guerre impérialiste.

 

voir sur lemanscipé  deux excellents articles qui étayent plusieurs points développés dans notre analyse :

L'Etat se prépare à une guerre dans les cités

Flash-ball » et maintien de l’ordre : quand la police passe à l’offensive


 

Récemment, un nouveau Directeur Départemental de la Sûreté Publique (DDSP) est arrivé au Mans. En provenance de Troyes, la ville de l'ancien Ministre de l'intérieur UMP François Baroin, ce commissaire divisionnaire a de la suite dans les idées et pourrait bien appliquer au Mans des recettes testées dans la préfecture de l'Aube. Baroin en était content (Sarko lui, est moins content de Baroin) : rendez-vous compte, les indicateurs de crimes et délits y ont baissé en 2008 de 10%. Cette arrivée ne sera pas la seule, l'équipe de choc auboise va se reconstituer.  Tout cela interpelle au moment où la presse locale nous a fait cet été, comme par hasard, des dossiers sur la tranquillité publique, notamment dans le centre-ville. Ça tombe vraiment bien : le "DDSP" est un pro des innovations techniques.