De 6000 personnes, selon la police et Ouest-France (qui a choisi son camp en sous-estimant systématiquement les manifs) à 15 000 selon les syndicats, ont défilé au Mans pour la traditionnelle célébration du 1er Mai. La mobilisation est donc clairement en berne ici comme partout en France. On se demande vraiment pourquoi.
Et de 3 ! vous avez aimé le 29 ? adoré le 19 ? et bien vous avez sans doute adulé le 1er... A un rythme de sortie du dimanche en maison de retraite, le gros du troupeau a déambulé en 2 h 30 sur un parcours sans difficulté d'environ 4 km... La vitesse du vent étant faible mais la température moyenne assez clémente, les participants se trouvaient dans d'excellentes dispositions pour dormir en marchant, ce qu'ils ne se privèrent pas de faire. Et ce ne sont pas les nébuleuses élucubrations mégaphoniques des forçats de la CFDT qui réussirent à perturber ce repos des justes... Seuls les universitaires se permirent de venir inquiéter la procession en tentant une incroyable ingérence devant sa sainteté la CGT. Bien heureusement, ces suppôts de charognards ont été remis dans la droit chemin du parcours, balisé par les apôtres des élections européennes, tous venus en petits groupes et bien alignés les uns à côté des autres.
Et la suite ?
Nous sommes maintenant en droit de nous demander ce que les organisateurs nous réservent pour l'avenir. Ceux-ci sont en effet dotés d'une extraordinaire puissance créatrice pour provoquer une lutte victorieuse, dont l'originalité féconde ne cesse de surprendre. va t-on manifester avant l'ascension ? ou alors, ultime et géniale innovation, ira t-on jusqu'à oser une grève de 24 h en pleine semaine de travail, incroyable délire de ces provocateurs charognards de FO ? Ces casseurs archaïques de solidaires proposent mêmes qu'elle soit générale ! Une telle audace donne littéralement le tournis. Vertige de la révolution, laisse ces esprits malades en paix !!
Une voie possible : oser la lutte de classes
"La seule réponse que proposent les bureaucraties syndicales CGT, CFDT, etc. est de soutenir du bout des lèvres leurs adhérents « trop agités », de leur demander de lutter au cas par cas, en évitant les débordements, chacun dans son coin, isolé et affaibli" (communiqué de la CNT). Décloisonner ces différents luttes en créant un échange ou en apportant un soutien, c'est déjà agir contre la division des travailleurs. Populariser des mouvements, amener des ressources financières ou en nature aux grèvistes et à leur famille, voilà les clés du succès.
Autre piste : seules des actions qui font perdre de l'argent aux entreprises et aux pouvoirs publics sont susceptibles de créer un rapport de force favorable. La chantage à l'emploi, même précaire et sous-payé, empêche dans bien des cas qu'on s'attaque à l'outil de production, sacré et inaliénable source de profit dont les miettes servent à rétribuer ceux qui créent la plus-value. Il n'y a pas, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'autre solution pour faire triompher des revendications. Osons le ralentissement de la rentabilité des zones de production ou de distribution, la grève de la productivité individuelle, la gratuité des certaines prestations...
Enfin, le sort réservé aux chômeurs est à améliorer par tout les moyens de luttes possibles. Ceci est à rapprocher de la réflexion sur le maintien de certains emplois, inutiles socialement, pourris au niveau des conditions de travail et dont la production est nuisible écologiquement. Se battre pour les négocier des meilleurs conditions de départ ou de licenciement se justifie. Le maintien de l'activité doit s'étudier au cas par cas, en fonction des reconversions possibles, des investissements réalisés.