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JEUDI 24 MARS
projection d'un documentaire sur la prison au cinéma Le Royal

 Ne me libérez pas je m’en charge, c’est avant tout un parcours de vie, celui d’un homme, roi de l’évasion, qui face au poids des années et des murs de béton, a perdu son innocence, et qui désormais savoure sa libération conditionnelle qu’il qualifie lui-­même de « renaissance ».

Elle ne voulait « surtout pas faire un film de plus sur un célèbre gangster » et voulait « rendre compte avant tout de son itinéraire philosophique et du parcours initiatique de cet homme qui par sa seule volonté n’avait pas seulement recouvré la liberté mais s’était libéré mentalement » et en même temps elle « ne pouvait pas faire l’impasse sur ce qui l’avait rendu célèbre : son évasion du QHS ou de la prison de la Santé, ses nombreux braquages...

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Prison

« Endroit d’où l’on s’évade ». Ces mots, ce sont ceux de Michel Vaujour lorsqu’il évoque les vingtsept années qu’il a passées en prison, dont dixsept en cellule d’isolement.Car c’est bien d’évasion dont nous parle Ne me libérez pas je m’en charge : d’abord au sens littéral du terme, puisque Michel Vaujour s’est échappé de prison à cinq reprises, mais surtout au sens d’évasion mentale, celle qui l’a amené sur le chemin d’un voyage spirituel, d’une libération de l’esprit. Fabienne Godet, dont on entend parfois les questions sans complaisance, nous convie à écouter la parole d’un homme qui n’a cessé d’analyser ses années de dérive, son expérience carcérale, et qui nous livre une véritable réflexion sur la condition humaine.

 

La genèse du film

En 2003 Fabienne Godet prépare un film (voir filmographie) sur Dominique Loiseau, ce policier accusé à tort d’être un ripou, condamné puis gracié et qui se battait pour faire reconnaître son innocence. Quand Fabienne Godet lui demande quelles sont les personnes qui lui avaient permis de s’en sortir psychologiquement, il répond : « Il y a deux personnes qui ont vraiment compté. Mon père, qui est mort aujourd’hui, et Michel Vaujour, un truand du grand banditisme qui m’a donné la force de me battre jusqu’au bout. Sans lui je ne serais sans doute plus là aujourd’hui. »

Fabienne Godet rencontre alors Michel Vaujour, elle est frappée par la manière dont il parle d’un sujet qu’en tant que psychologue elle connaît : son expérience de mort imminente (NDE) quand il avait reçu une balle dans la tête. Il en parlait avec « humour et profondeur ».Pendant la préparation du film sur Loiseau, «

le flic », elle rencontre plusieurs fois Michel Vaujour, « le malfrat comme il faut ». Tous deux tiennent le même discours « On était simplement deux mecs au bout de tout ». Mais c’est une phrase de Michel Vaujour qui va marquer Fabienne Godet : « Ce qui m’a touché chez Do, c’est une innocence que j’ai retrouvée dans sa douleur, une innocence que j’avais dû laisser derrière moi pour survivre. »

Pour Fabienne Godet : « Cette phrase qui ne m’était pas destinée me bouleversa. Elle me renvoyait à cette épreuve du réel, à tous les rêves, à tous les idéaux que j’avais dû abandonner pour m’adapter à ce monde qui s’avérait bien différent de celui auquel j’aspirais dans ma jeunesse. Elle me renvoyait surtout à la douleur de ces abandons successifs, là où Michel Vaujour en avait fait une force. Où puisaitil cette énergie de vie et cet humour ? De ce jour l’idée de faire un documentaire avec lui ne m’a plus quittée. »