Ceci n’est pas une dépsychiatrisation
OUTrans reconnaît le caractère symbolique de l’annonce de Roselyne Bachelot-Narquin du 16 mai 2009.
Cependant cette déclaration ne va pas dans le sens d'une dépsychiatrisation de la transidentité, il s'agit simplement d'une reclassification de l'ALD 23 (affections psychiatriques de longue durée) vers une autre ALD. En effet, la ministre de la Santé a annoncé qu’elle venait de saisir la Haute Autorité de Santé (HAS) «afin de publier un décret déclassifiant la transsexualité des affections psychiatriques de longue durée».
En pratique, rien ne change pour les personnes trans qui restent considérées comme des malades devant être soumises à un suivi psychiatrique, puisque comme le rappelle le Ministère de la Santé, « cette déclassification ne veut pas dire absence de recours à la médecine, ni renonciation au diagnostic médical des troubles de l’identité de genre ou abandon du parcours de prise en charge ».
OUTrans regrette que cette déclaration ne soit pas accompagnée d'autres mesures qui auraient, elles, un impact réel sur la vie des trans, comme :
-la dépsychiatrisation effective de la transidentité,
-la reconnaissance de la transphobie comme discrimination au même titre que le racisme ou l’homophobie, et par conséquent, la prise en compte de la transphobie par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE),
-en partenariat avec le Ministère de la Justice, une facilitation d’accès au changement d’état civil, c’est-à-dire la suppression des obligations de traitement hormonal, de suivi psychiatrique, d’opérations chirurgicales,
-la suppression immédiate de la stérilisation forcée des personnes trans réclamée par les tribunaux,
-la suppression du recours aux expertises médicales, humiliantes et souvent vécues comme des viols, et ce y compris pour les personnes ayant été opérées à l’étranger.
Par ailleurs, puisque Roselyne Bachelot-Narquin semble si soucieuse du bien-être des trans, OUTrans espère qu’elle travaillera à la dépathologisation de la transidentité et à son retrait des listes internationales de maladies mentales (DSM IV et CIM 10) ; et qu’elle encouragera un réel échange entre les pouvoirs publics et les trans, et notamment en ce qui concerne le rapport de la HAS sur la prise en charge de la transidentité en France.