Le bilan 2009 de l'activité économique commence à prendre forme dans les régions. Les données récemment publiées par la DRTEFP ou les greffes des tribunaux de commerce confirment l'impression général et permettent de mesurer l'ampleur du désastre social. Notamment, l'activité de pôle emploi est passée au crible et permet de comprendre la nouvelle orientation donnée par le gouvernement : fliquer, dénoncer, culpabiliser et éliminer les victimes du capitalisme, les travaill-euses-eurs nettoyés du système. Marche ou crève ? c'est marche au pas dans l'entreprise et crève dans ton coin une fois au chômage...
Tribunal de commerce du Mans – procédures de sauvegarde des entreprises en cessation de paiements
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | |
Redressement Judiciaire | 106 | 85 | 65 | 61 | 115 | 96 |
Liquidation judiciaire immédiate | 249 | 217 | 141 | 143 | 172 | 169 |
Total | 355 | 302 | 206 | 204 | 287 | 265 |
Evolution n-1 | 17,55% | 46,60% | 0,98% | -28,92% | 8,30% | - |
L’année 2009 fut catastrophique localement. 355 procédures de sauvetage, surtout de PME, furent engagées. Les liquidations judiciaires immédiates (ventes « d’actifs » pour rembourser les créanciers) représentent plus de 70% des cas. A remarquer : la crise avait bien débuté en 2008 puisque le taux d’évolution par rapport à l’année précédente était de +46,6%. La cessation de paiement est déclarée quand une entreprise qui ne peut plus faire face à ses dettes est placée par ses dirigeants en procédure collective (nommée aussi couramment « faillite », « banqueroute » ou « dépôt de bilan »). En pratique, une cessation peut provenir de multiples sources, notamment d’emprunts trop gourmands ou d’impayés non perçues. La gestion financière peut donc largement être la cause des difficultés. Ainsi, la cessation de paiement ne signifie pas systématiquement que la rentabilité de son exploitation courante soit déficiente, c’est-à-dire que sa valeur ajoutée peut être suffisante pour continuer. Cette précision montre donc que la destruction des usines, ateliers et bureaux est souvent socialement injuste pour les travailleurs qu’on accuse à tord de coûter trop chers. La cessation de paiement peut être l’occasion de virer les capitalistes, les patrons et autres chefs de la gestion de l’outil de travail, à condition que les travaill-eurs-euses s’organisent pour cela.
Les chiffres 2009 du Chômage en Sarthe et dans l’agglomération mancelle sont édifiants :
Notre département comptait en décembre 2009 35031 demand-euses-eurs d’emplois en fin de droits (DEFM) de catégories A, B et C, soit une progression de + 21,5 % en un an, ce qui représente 3976 inscriptions supplémentaires (entrées). Le taux de chômage atteint donc en Sarthe 9,2%. 21909 chôm-euses-eurs sont dans la zone d’emploi mancelle, soit 9,5% de chômeurs, ce qui en fait une des zones les plus touchées de la région des Pays de la Loire. Les plus concerné-e-s furent les jeunes de moins de 25 ans et les plus de 50 ans. Du coup, les durées s’allongent : le chômage supérieur à une année explose en augmentant de + 58,5 % sur la même période. L’impact de la précarité sur le chômage est important, confirmant que les intérimaires et autres CDD servent de variables d’ajustements aux patrons, toujours prompts à les jeter en premier. Pour preuve, 1109 entrées en 2009, soit 28% des inscriptions relèvent de ces statuts. Mais le plus remarquable sont les motifs de sorties avancées, sorties en nombre supérieur qui permet une baisse indécente et artificielle des chiffres gouvernementaux : sur 4127 « désinscriptions », 2089 (51%) sont des radiations et des « défauts d’actualisation » par les demandeurs. Quand on connait l’empressement des systèmes informatiques à ne pas enregistrer les « actualisations » et la complexité de la démarche pour annuler cela, il y a de quoi sourire. La réalité, c’est que plus de la moitié des chômeurs en moins sont éliminés « de force ».
Voilà le nouveau rôle dévolu aux conseillers de Pôle Emploi : fliquer les chôm-euses-eurs assimilé-e-s à des fraud-euses-eurs en puissance afin de faire baisser les chiffres officiels. Et en plus, ils le font à coup de pied au cul, sous pression constante et avec des salaires de misère dont la part variable croît selon « la réalisation d’objectifs » tous plus irréalisables les uns que les autres, fixés arbitrairement par des pourritures de « managers », des traitres parasites qui ordonnent sans jamais faire. Ces nouveaux contremaîtres sont des kapos, d’anciens esclaves assez soumis pour être affranchis par leurs maitres.
Enfin, la part des « DEFM » indemnisés atteint 21653 personnes : ce sont donc environ 15000 personnes qui n’ont rien pour vivre, si ce n’est de se tourner vers les familles, conjoints, amis ou associations. Ces chiffres lamentables illustrent parfaitement ce qu’est l’ampleur de la misère créée et entretenue par le capitalisme pour satisfaire les appétits de profit des propriétaires des moyens de production. La seule solution est l’union des usagers et des salariés de « Taule Emploi » pour briser les encadrants qui appliquent avec zèle les nouvelles règles.
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