Un syndicat a pour vocation et fonction première de défendre les intérêts matériels et moraux de ses affiliés. Mais si l'on s'en tient là, et si on se contente du paritarisme qu'assument les "grands" syndicats, on  se catonne très vite dans le corporatisme, ou la défense  d'intérêts  très catégoriels ou locaux, voire  purement individuels. Or de nos jours, plus que jamais, les intérêts matériels et moraux qu'il s'agit de défendre SOLIDAIREMENT  sont des intérêts généraux, qui concernent beaucoup de monde au-delà d'une entreprise, et même  aussi bien la planète !

En effet, qui ne voit pas que la défense de l'emploi dans le secteur de l'automobile, par exemple, ne peut pas faire l'impasse sur la question de l'impact environnemental de la production de véhicules, et du gaspillage d'énergie fossile ? Mais qui, par ailleurs, est le mieux à même de réfléchir et de travailler aux conversions nécessaires dans ce secteur, sinon les travailleurs eux-mêmes de l'industrie automobile ?

Si donc, les travailleurs de cette industrie, de l'ouvrier de base à l'ingénieur, veulent vraiment défendre leurs intérêts matériels et moraux en tant qu'êtres humains (plus encore que citoyens d'un pays seulement), ils pourrront -ils  pourraient, ils peuvent - concilier la sauvegarde de leur emploi et leur dignité de producteurs et d'êtres humains, en travaillant DE LEUR PROPRE CHEF à cette conversion de leur industrie, qui est obligatoirement vouée à la réduction massive de sa production en l'état actuel, et à la recherche de types de véhicules moins polluants et moins coûteux en matières premières.

Mais pour cela, il faut bien qu'ils imposent leur volonté solidaire et forte aux patrons, actionnaires et gouvernants qui ont bien d'autres intérêts que de préserver l'emploi ou la reconversion, ou la retraite de leurs salariés, ou même, quoi que certaines publicités laissent croire, de préserver la planète et ses ressources.

Il faut lutter, ici et maintenant, solidairement contre les plans brutaux de licenciements massifs, contre le mépris et l'arrogance des directions, du patronat, des actionnaires.

 Le syndicalisme doit bien alors apparaître comme le lieu de cet apprentissage à la solidarité au niveau de l'espèce humaine, carrément, et comme l'instrument de cette EMANCIPATION DES TRAVAILLEURS PAR LES TRAVAILLEURS EUX-MEMES, qui est le but de l'anarchosyndicalisme. 

SOLIDARITE, ACTION COLLECTIVE DIRECTE, APPROPRIATION DE NOTRE OUTIL DE TRAVAIL AU SERVICE DE TOUS. 

Bien d'autres choses restent à dire, mais elles sont à dire, dans ces pages, et par tous, non pas par un tout seul !