Ce froid jeudi de janvier, une intersyndicale "combative" appelait donc à se mobiliser, une nouvelle fois,  pour défendre les services publics... ou comment manifester à 1500 péquins à peine motivés par la démarche.

Notre participation nous permet de revenir sur cette action de grève et son impact. Faisons également le bilan d'une année de mobilisation autours de la tactique des "temps forts" soutenue, rappelons le, par le cartel du "pôle contestataire" composé de SUD, FSU et surtout CGT. FO, CFDT et UNSA étant plus ou moins absents pour des raisons différentes. Mais ça fait bien longtemps qu'on ne les attend plus dans la lutte.

Le bilan est triste : manif morne, sans jus ni envie, avec peu de slogans et des intervenants déprimants (déprimés) dont le discours alarmiste suggère que la défaite est consommée et amère... Le secteur public présent rassemble ce qu'il reste de syndicalistes et de de syndiqués fidèles aux mots d'ordre lancés par les bureaucrates. Il faut dire qu'il n'y a pas eu d'annonce de ce mouveùment, peu de salariés étaient en fait au courant de l'initiative. Voilà ce qu'il en coûte à organiser un mouvement en deux jours : pourquoi convoquer des AG de la veille pour le lendemain ? mystère.

Petit retour en arrière : le 29 janvier 2009 avait lieu la première journée d'une longue série de temps forts planifiés régulièrement par nos grands syndicats combattifs. Ce jour là, le secteur privé était aussi représenté et on appelait le gouvernement à modifier sa politique sociale, notamment vis-à-vis des patrons licencieurs, en particulier en actionnant le lévier des taxes et impôts divers dont les exonérations ne conduisent qu'à légaliser des fraudes fiscales sans aucune contreparties pour les travailleurs et en plongeant les comptes publics toujours un peu plus dans le déficit.

 

Il y avait alors 15 à 20 000 manifestants et de la motivation.

 

Aujourd'hui, que reste t-il  ? rien. La tactique du gagne petit et de l'étalement des efforts des travailleurs n'ont strictement rien procuré à qui que soit. Comment peut-on en vouloir aux travailleurs ? tourner en rond dans le centre -ville en perdant uen journée de salaire pour ne rien obtenir, c'est totalement inefficace. C'est indéfendable auprès de ceux qui bossent. Demander aux salariés, en particulier non syndiqués, de défiler pour s'en remettre à des permanents départementaux ou fédéraux qui portent un message modéré voire divergeant de leurs aspirations principales ? Comment s'étonner des suspicions d'arrangements avec le gouvernement afin de préserver élus et subsides, indispensables à la survie de structures dont le finances et le train de vie ne dépendent par des adhésions mais de la "représentativité" accordée par l'Etat ?

 

Comment, enfin, ne pas s'offusquer de l'opportunisme électorale de partis venus uniquement distribuer leur tract appelant à voter aux régionales ? la mobilisation sociale sert donc comme toujours de tremplins pour des partis moribonds qui utilisent la contestation et le désespoir sociale et populaire pour s'offrir des strapontins d'élus dont ils ne font si peu usage... ils seront battus ou élus par les abstentionnistes parce qu'ils oublient l'histoire politique du mouvement ouvrier. ils finiront par mourrir.

 

Rappelons ici les grands principes d'un syndicalisme authentique, c'est-à-dire indépendant des tactiques partisanes et capable de développer sa vie propre, un syndicalisme antipolitique qui subordonnent les partis ouvriers à son calendrier, à ses revendications quotidiennes et révolutionnaires et à son organisation démocratique, et non l'inverse :

 

- le syndicat poursuit comme but final l'émancipation par les exploités eux-mêmes de tous les êtres humains, sans distinction "ethniques", de sexes ou de nationalités...

 

- cette émancipation ne sera en bonne voie de réalisation que, lorsque par la socialisation des moyens de produire, on s'acheminera vers une société "communiste" libre et démocratique dans laquelle chacun donnant selon ses forces recevra selon ses besoins; Cependant le syndicat authentique n'a pas à présenter de programme politique ni à élaborer dans le détail un projet de société dite "communiste". Ce serait tomber dans les travers d'un parti d'avant-garde et théoriser un idéal pour mieux en imposer la forme et la direction au peuple.  L'émancipation est au contraire un cheminement collectif et pragmatique. Le syndicat de classe s'appuie sur l'initiative et les rêves populaires et oeuvre ainsi pas à pas, revendication après revendication, par la lutte victorieuse et l'instauration de l'économie coopérative, à l'édification d'une telle société. Au fur et à mesure de sa marche en avant, ce syndicalisme imaginera progressivement le "communisme" avant de le réaliser par le moyen final de la grève générale, insurrectionnelle et expropriatrice.

 

- que pour marcher dans cette voie, il est nécessaire de maintenir par le fait historique de la distinction de classe, un syndicat distinct  et indépendant en face des diverses nuances de partis politiques et de la "bourgeoisie" dont les éléments se décomposent entre les propriétaires des moyens de production et les forces d'encadrement chargées d'organiser l'exploitation qui trahissent leurs intérêts de classe;

 

- cette émancipation ne peut sortir que de l'action révolutionnaire directe portée par le peuple et à laquelle les partis doivent se soumettre sans discussion, aussi vrai que toutes les conquêtes sociales se sont produit par cette voie et non par l'électorale. Ceux qui jugent important de poursuivre malgré tout dans cette voie mineure de la conquête de la commune, du département, de la région ou de l'Etat par l'élection et le parlementarisme ne peuvent le faire que comme moyen et à titre de propagande, certainement pas en prétendant parler pour le peuple ni agir de manière décisive et fondamental pour ses intérêts. Seul un syndicat de classe peut incarner ce rôle historique. Les partis doivent prendre leur leçon à ses côtés, et les élus se plier aux volontés sociales exprimées en son sein.

 

Alors oui il faut des AG mais pas aussi rapprochée des jours d'action et il faut d'autres types d'actions, plus directes, plus incisives, dirigées en priorité sur les employeurs publics comme privé et leurs revenus, leurs comptabilités, leur trésorerie, tout ce qui les fait bander.  Au lieu des temps forts étalés, nous voulons des actions courtes mais intenses : séquestration des comptables ! blocage des trésoriers-payeurs généraux ! confiscation de leurs lunettes ! debranchage sauvage des ordinateurs et des serveurs des gestionnaires ! amenons des broyeuses et liquidons les dossiers papiers, les chèques et les reçus  ! coulons du plomb dans les serrures des salles de reunion des DRH ! piquons les  batteries des voitures de service ! à poils les encravatés !