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Catégorie parente: actualités politiques et sociales
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Le jeudi 12 mai la préfète de la Sarthe a tenu à convoquer les organisations de l’intersyndicale sarthoise, organisatrice des manifestations locales contre la loi travail. Bien qu’exclut de cette rencontre, nous en connaissons le contenu. La directrice de cabinet de madame la Préfète les a informés que selon les sources de la SDRT "des individus non identifiés pourrait se mélanger à nos cortèges pour casser du flic". La préfète a ensuite sollicité l’intersyndicale pour mettre en place un service d'ordre. L'interpellation de la Préfète fait suite à une action de Nuit Debout qui, le mardi soir, a bloqué l'accès à la préfecture pour demander sans succès une entrevue. La démarche de la préfecture est inédite au Mans, ce qui pose question dans le contexte actuelle.

Nous qualifions cette démarche d’intimidation et d’incitation infondée au maintien de l’ordre par des organisations dont le combat se situe naturellement du côté des manifestants.

Intimidation parce que nous assimilons ces assertions à faire planer une hypothétique menace sur le déroulement des manifestations. Il s’agit clairement de reporter la responsabilité d’éventuels troubles à l’ordre public sur les syndicats. La préfecture n’irait elle pas jusqu’à restreindre notre droit à manifester au cas où d’éventuelles petits débordements incontrôlées se produiraient ?

 

 

Incitation infondée et ridicule au maintien de l’ordre par les syndicats alors que les manifestations mancelles font preuves d’une grande sérénité, les forces de police et les CRS se tenant discrètement à l’écart, laissant les manifestants défiler librement sans agressivité. Il n’y a pas de violences policières ici, et donc pas d’actions violentes ni de provocations à l’encontre de la police , contrairement à d’autres villes françaises.

La raison en est simple : en comparaison, les mouvements de jeunes sont au Mans très faiblement mobilisés, les « autonomes » y sont trop peu nombreux et trop peu organisés, les manifestants suivent très majoritairement les directives des organisateurs s’en s’écarter des parcours annoncés. Il n’y a donc aucune velléité d’une partie des cortèges successifs de s’échapper pour participer à des occupations illicites ou à des blocages.

Gageons que si cela avait été le cas, nous aurions connu ici comme ailleurs notre lot de répressions démesurées, et de réactions légitimes et spontanées contre celles-ci pour se défendre. Ce que mme la Préfète appelle « les casseurs » sont en réalité composés ailleurs d’un grand nombre de manifestant-es victimes de la répression qui se défendent comme ils-elles peuvent, et qui, désormais, s’équipent et anticipent en prévision des charges policières qui coupent les manifestations ou qui nassent des parties de celles-ci. Les groupes violents par choix tactiques sont en réalité une infime minorité, largement identifiée par la police, et qui accèdent de manière surprenante aux points de rendez vous avec tout leur équipement.

L’invention des « casseurs » du Mans n’a qu’un seul objectif : justifier une éventuelle répression si nécessaire, diviser les manifestants entre « les bons » qui défilent docilement et «les méchants », imprévisibles, qui iraient s’attaquer d’une manière ou une autre à une cible. La manœuvre vise à cadenasser encore davantage le cortège local, en prévention, sait-on jamais, d’envie de sortir de la part de certaines personnes des répétitives, monotones et inefficaces journées de défilés dont les circuits ne nuisent pas réellement aux intérêts économiques. Face à la lassitude et aux découragements croissants de nombreux participants aux défilés manceaux, mme le préfète, en tant que représentante de l’Etat, mise ainsi sur une extinction rapide du mouvement de grève.

Quant à nous, depuis le début de ce mouvement social, nous ne cessons de le répéter : seules les actions de blocages économiques intersyndicales, massivement mis en œuvre par les syndiqués dans un premier temps, sont en mesure de créer une dynamique victorieuse d’élargissement de la mobilisation, à l’instar de la démarche proposée par le collectif onbloquetout.org. La convergence des luttes est la voie qui permettra de faire plier ce gouvernement. La grève victorieuse des ouvriers de l’usine NTN à Allonnes le démontre : A partir d'une forte mobilisation des salariés syndiqués ou non sur place qui ont ralentit puis empêché l'activité productive, qui a impacté la rentabilité,  la crainte d’un blocage du site par l’intersyndicale a en plus fait reculer la direction du personnel. C'est bien la convergence entre une mobilisation locale réelle et exemplaire des salariés et la perspective d'une action solidaire intersyndicale qui fonctionne. Ils n’ont cédé que pour éviter que cette lutte ne devienne un point de fixation et un catalyseur du mouvement de blocage contre la loi travail.

Bien au contraire de Mme la Préfète, nous appelons la population à ne pas céder au défaitisme ni à la peur, à participer aux différentes manifestations et, avec les syndiqué-es et les salarié-es concerné-es, à bloquer les zones de production et de consommation de l’agglomération à l'issue de celles-ci

RETRAIT DE LA LOI TRAVAIL !

VIVE LA GREVE GENERALE RECONDUCTIBLE