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Catégorie parente: actualités politiques et sociales
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 Tandis que la ville du Mans va en débattre le 26 novembre prochain sous la pression de la droite locale et que la démagogie populiste s'exprime quotidiennement sur le forum "citoyen" (squatté par les militants UMP) du site du journal ouest-france, voici quelques données objectives sur la délinquance dans la Sarthe, données glanées en quelques minutes sur internet sur le site de l'observatoire nationale de la délinquance (cartocrime). Les élus UMP et leurs soutiens ne sont que des menteurs à la solde d'intérêts privés et du clientèlisme. Le Mans n'est pas plus touché par les "agressions" que la plupart des autres villes. Mieux l'équipement en caméras ne permet pas d'améliorer ces chiffres. La preuve avec la ville de Troyes. Troyes, la ville d'où vient le commissaire Chaumard pour imposer la politique sécuritaire de Sarkozy à la collectivité mancelle (voir notre précédent article ici)

 

 

Des financements pour se convertir…

Le débat se produit dans un contexte d'annonce tapageuse du gouvernement : 75 villes vont toucher des subventions pour s'équiper. Les élus manceaux, toujours à l'affût des deniers à gratter sur le dos de la qualité des services publics, doivent se frotter les mains : de l'argent à gagner et des électeurs à rassurer. Tout bénef'. Sauf que ça va quand même coûter à la collectivité : 10 à 30 000 € l'engin et il en faudrait une pour 2000 habitants selon les spécialistes soit environ 75 pour Le Mans. La facture pourrait donc s'élever à 1,5 Millions €. Il va falloir bien réfléchir sur l'efficacité de la démarche pour faire peser des menaces sur la liberté de mouvement sur le voie publique. Avec ce fric, on pourrait, je ne sais pas, faire des trucs débiles qui ne servent à rien comme améliorer l'éclairage public ou faire en sorte que les jeunes aient autre chose à faire qu'à se défoncer et plus dans les bars. Et puis pourquoi ne pas aider davantage les gens ? 1,5 M€ pourraient financer des micro-structures autogérées d'intérêts collectifs pour donner du boulot et la fierté de se prendre en main aux nombreux chômeurs de la ville. L'autonomie populaire doit faire peur à nos élus.


De lamentables manipulations de chiffres

Tout d'abord un petit rappel méthodologique : on ne peut que s'atterrer de l'analyse utilisée dans un rapport "secret" sensé justifier le flicage général (voir ici ,pratique pour ne rien vérifier) En effet, dans nombre de villes, les caméras n'ont été installées qu'en fin de période d'analyse. Comment dès lors imputer une progression sur 2000 – 2008 alors que, comme à Troyes, les caméras ne fonctionnent que depuis décembre 2006 ? Comment déconnecter ces évolutions des données départementales ? en effet, une progression en apparence forte dans une ville sans caméras, peut très bien se révéler bien moins rapide malgré tout qu'à l'échelle de son département et inversement. Ceci est d'autant plus important que nous savons que les caméras de vidéosurveillance sont suspectées de provoquer un déplacement des actes délictueux, y compris vers des domiciles privés. Les violences qui se produisent dans les boîtes de nuit en rase campagne ont donc moins de valeur ? Enfin et surtout, pourquoi ne pas en prendre en compte tous les types d'atteintes physiques ? est-ce qu'un viol commis dans l'intimité a moins de valeur statistique qu'une agression à 2 heures du mat en sortie de bar ? ces tripatouillages de chiffres sont ignobles car on nous vend la vidéosurveillance comme une recette miracle pour faire baisser des chiffres sur la criminalité qui ignorent en fait une grande partie de la violence spécifique à la sphère domestique.


Des constats contredits par des données publiques

Les statistiques disponibles sur la période de septembre 2008 à septembre 2009 font état pour la Sarthe de 2926 faits constatés d'atteintes volontaires à l'intégrité physique des personnes, ce qui représente 5,27 faits pour 1000 habitants. En comparant ces chiffres simples au niveau national avec quelques localités, nous constatons (quelle surprises !) que la situation n'est absolument pas exceptionnelle ni alarmante. Voyez plutôt le tableau ci-dessous tiré de cette source étatique officielle :


Dept

préfecture

nb de faits

taux pour 1000 hab

37

Tours

3057

5,35

49

Angers

3164

4,17

35

Rennes

4726

5,04

14

Caen

4096

6,15

80

Amiens

4855

8,69

87

Limoges

1738

4,76

86

Poitiers

1628

3,89

29

Quimper-Brest

4215

4,79

10

Troyes

2242

7,5

45

Orléans

4781

7,41


Certaines de ces villes sont équipées en caméras, comme Troyes ou Orléans. Or, il est clair que les données sont indiscutables: il n'y a pas de situations catastrophiques en Sarthe et il n'y a pas d'effets "caméras" évidents à la vue de ces données. Mieux, et contrairement aux rapports manipulés dont le figaro se fait l'écho (voir ici) , l'évolution positive sur la décennie n'est pas du tout démontrée, notamment à Troyes, la ville d'où nous arrive le commissaire Chaumard, le zorro de la délinquance zéro.


Enfin, voici, cerise sur le gâteau, les données objectives sur l'Aube de 2000 à 2009 concernant les mêmes faits constatés en matière d'atteintes volontaires à l'intégrité physique.

En 2000, ce département dont la préfecture se veut à la pointe de la "requalification urbaine " (traduction du langage propre aux technocrates à la solde du patronat = nettoyage du centre pour faire du profit) comptait 1699 faits constatés contre 1738 aujourd'hui (janvier à septembre 2009) Rapporté à la population de 1999 (et non pas de 2006 comme pour les chiffes de 2009), on obtient le taux de 5,82 pour 1000 pour 5,81 en 2009. L'accroissement de la délinquance depuis le début de l'année y suit un rythme identique à celle du Mans. Bilan : malgré l'arsenal de la vidéosurveillance financé avec l'argent public, l'argent des travailleurs, il n'y a pas d'effet remarquable. Parce que la voie publique des centres urbains n'est qu'un des lieux de la violence. Parce qu'une bagarre entre poivrots a moins de gravité qu'un homicide ou qu'un viol et qu'il faut tout prendre en compte quand on veut apprécier un état de sûreté.