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Des voix s'élèvent pour protester contre les bureaucraties des grandes confédérations et leur stratégie des "moments forts", considérés insuffisants pour peser réellement dans la balance. Y compris dans certains syndicats signataires...

 

A Solidaires (union syndicale à laquelles sont notamment rattachés les syndicats SUD), l'annonce du 1er Mai unitaire a évidemment été salué. Cependant, dans cette structure syndicale où la ligne est à la lutte et à la combativité, bien davantage que dans beaucoup d'autres centrales, l'absence d'autres perspectives interprofessionnelles nationales à fait grincer des dents. Dans l'un des départements où Solidaires est particulièrement bien implantée, l'Indre-et-Loire, on s'est même opposée, publiquement, à la signature du communiqué unitaire, dans le cas où celui-ci ne validerait que la date du 1er mai comme échéance... Voilà un extrait de leur lettre ouverte à Solidaires national (disponible sur la page : http://www.solidaires37.org/spip.php?article285 ) :

"Tout est dit. La réponse des organisations syndicales n’est pas à la hauteur. La seule initiative envisagée le 1er mai, jour férié, chômé et payé est inacceptable. On est loin d’un renforcement des luttes sociales.
Nous sommes CONTRE la signature par Solidaires d’un appel commun qui appellerait au 1er Mai comme seule réponse.
En Guadeloupe, il a fallu 45 jours de grève générale pour gagner, en métropole, on nous propose une journée « d’action » toutes les 6 semaines !
Solidaires doit appeler à la création de collectifs départementaux regroupant syndiqués, non syndiqués, associations….pour impulser un mouvement interprofessionnel fort et durable.
Ces collectifs doivent aller au devant des salariés dans les entreprises où la présence syndicale est très faible, voire inexistante.
C’est sur quoi nous allons oeuvrer localement.
Le secrétariat de SOLIDAIRES 37"

 

Et voilà une partie de la réponse du secrétariat national de Solidaires :


"Lors de la prochaine réunion nationale de l’intersyndicale le 30 mars, nous continuerons à défendre qu’il faut des perspectives d’action sans attendre le 1er mai. Le mandat donné au secrétariat par les structures de Solidaires (notamment le dernier BN) n’est pas de claquer la porte de l’intersyndicale. D’ailleurs, cela n’apporterait pas une solution au problème qui nous est posé aujourd’hui : comment faire en sorte que nos propositions soient reprises plus largement par les salariés, les chômeurs et les précaires et comment construire un rapport de forces par des actions qui obligeraient le gouvernement à reculer, mais aussi feraient bouger les autres organisations syndicales, comment rendre efficace la perspective de la grève générale... ? De plus, quitter l’intersyndicale, nous ferait porter la responsabilité de la division qui sera utilisée pour nous marginaliser, et aussi ne proposer aucune suite.

Rester dans l’unité tout en développant nos propres positions nationales, et en mobilisant partout où c’est possible nous semble toujours le meilleur moyen de faire bouger le rapport de force, même si la faible part que nous occupons sur le champ syndical rend la tâche difficile. Nous pensons que cette démarche peut parfaitement être comprise par les salariés les plus mobilisés qui, eux aussi, sont partagés par cette contradiction qui n’est pas nouvelle : l’unité est nécessaire mais elle peut représenter un frein."

 

Au delà de cette vieille contradiction entre nécessité de l'unité et possibilité de freinage, il est intéressant, pour l'heure actuelle, de se pencher, comme le fait brièvement la lettre de Solidaires 37, sur la stratégie syndicale de poser le 1er mai comme nouvelle échéance nationale. Comme ils le disent très justement, c'est un jour férié où les gens partent, pour beaucoup, en week-end etc. Que cherchent-ils? Casser les possibilités de mobilisation? Donner raison au gouvernement et à sa stratégie d'attentisme? Pourquoi pas proposer de faire grève le dimanche?

Force est de reconnaitre que le choix du 1er mai est assez étonnant... Ce qui aurait été davantage intéressant, ça aurait été de déclarer le 30 avril, jour de grève interpro, non? Pas de problème de "temps pour préparer la mobilisation" ou je ne sais quoi. Et la question de la reconduction ne se posait même pas, ni dans un souci financier, ni dans un souci de rapport de force syndical... De quoi motiver la population, exaspérée par les couleuvres qu'ont lui fait avaler (comme en témoignent les 55% de soutien aux séquestrations de patrons, par exemple). De quoi même risquer l'affrontement avec un patronat arrogant et un gouvernement plus que complice.

Seul hic: pour cela, il faut des centrales syndicales avec des directions qui font leur boulot, c'est-à-dire défendre les travailleurs! C'est à dire être prêt à assumer les conséquences d'un mouvement d'ensemble durable (comme dans les Dom-Tom), c'est-à-dire ne pas trier les dossiers des prud'hommes pour être sûr d'empocher les 10% de commission à la fin (méthode cédétiste). Et là...  Les Chérèque, les Thibault et compagnie ne sont pas nombreux. En tout cas, pas aussi nombreux que le nombre de gens qui en ont ras-le-bol et qui n'ont pas le privilège de bouffer à la table du président!

Il est grand-temps de leur montrer que la stratégie des "temps forts" à fait son temps. Chacun, dans sa boite, dans son secteur, doit désormais pousser pour reconduire les grèves et enfin s'offrir la possibilité de renouer avec le gout de la victoire sociale. Assemblées générales, prises de contacts avec d'autres secteurs, caisses de grèves, débrayages sauvages, les initiatives à lancer sont nombreuses. Reste plus qu'à s'y mettre!