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Catégorie parente: actualités politiques et sociales
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Alors que le dépôt du Mans a été débloqué par les CRS dans la nuit du 19 au 20 octobre, nous sommes nombreux à montrer notre détermination pour la continuité de la grève jusqu’à la victoire finale. Présent sur les points de blocage organisés par l’intersyndicale sarthoise, nous pouvons en témoigner. Mais les doutes s’installent dans quelques têtes sur les finalités poursuivies par les syndicats.

 

 

1er constat :

la démocratie sociale est verrouillée. La confusion est entretenue en permanence par les délégués syndicaux entre l’intersyndicale mancelle, qui décide de toutes les actions à l’heure actuelle et dont on ne connait pas la liste des participants, et une assemblée générale interprofessionnelle. Dans le second cas, on aurait une réunion ouverte à tous et toutes où des mandatés d’AG de secteurs seraient mandatés par les grévistes pour décider des modes d’actions.  Cela implique, bien entendu, que les AG de secteurs se déroulent de manière très structurées et bien différentes : la parole n’y est pas confisquée par les délégués syndicaux et toutes les propositions formulées sont votées une à une. L’absence remarquée de ce fonctionnement ne laisse aucune initiative aux grévistes, relégués à des tâches d’exécutant. Comment s’étonner, dès lors, que les salariés ne se sentent pas plus concernés ? Sans perspectives valables, il n’est pas sûr que les manifestants les plus décidés acceptent longtemps d’être dirigés de la sorte.

 

 2ème constat :

 La division commence à poindre. Les informations glanées ici ou là laissent entendre que des divergences profondes font surface à propos des stratégies à mener. D’abord, des centrales comme la CFDT ou l’UNSA, sans parler de la CGC, ont de plus en plus de mal à supporter la radicalisation des actions, très éloignées de leur culture syndicale respective. Sans parler de scission de l’unité syndicale locale, les appels à se mobiliser sont de plus en plus faiblement relayés par ces syndicats modérés, et leur participation aux piquets de grèves et autre blocage quasi-nulle. Qu’en sera-t-il des nouvelles manifestations unitaires une fois la loi votée ?  Ensuite, un clivage interne aux autres organisations de masse, comme la FSU et surtout la CGT, commence à être visible : les sections de certaines fédérations, à la base, ne veulent rien lâcher tandis que des cadres et dirigeants redoutent une défaite « humiliante » qu’ils voient inévitables et cherchent donc à orienter les espoirs vers les échéances politiques. Leur difficulté du moment consiste à faire plier les plus remuants, quitte, pensent-ils, à les laisser s’épuiser encore quelques jours et à populariser l’idée que la défaite n’est que ponctuelle. Va-t-on nous sortir du chapeau un accord miracle de « dernière minute » à minima, histoire de sauver la face ? Plus que jamais, l’unité des travailleurs-euses dans l’action est nécessaire et n’hésitons plus à créer des groupes indépendants pour agir librement. 

 

3ème constat :

 les moyens de durer ne sont pas utilisés. Alors que la mobilisation décisive a été lancée à contretemps, bien trop tard par rapport au calendrier parlementaire, la question tactique fondamentale est de savoir comment étendre le mouvement, comment faire entrer dans le conflit des pans entiers du salariat qui n’ose pas le faire, parfois pour des bonnes raisons de précarité. Et là encore, force est de constater que les organisations syndicales ne font pas preuve de beaucoup d’imagination voire de volonté. On le sait : quand une grève et partie pour durer, la meilleure solution est de mettre en place une grève alternante accompagnée de caisses de solidarité. Le préavis reconductible et les reconductions votées régulièrement par les agents réunis en assemblées générales permettent de faire grève selon ses moyens et ses convictions. Pour assurer une pression continue sur le gouvernement, il est donc nécessaire de se relayer dans la lutte en participant, même ponctuellement, aux actions de l’intersyndicale, faute de mieux.

 

 Pour faire face, il est aussi possible de constituer une caisse de grève alimentée librement par qui souhaite apporter son soutien, ne serait-ce que sous cette seule forme, et dont les collectes seront ensuite équitablement réparties entre tous ceux qui auront leur salaire impactée par leur participation à la grève alternante.

L’idéal serait que l’intersyndicale gère cette caisse et aide tous les grévistes.

 

 Autre piste : les cibles économiques peuvent varier. Les zones de production, les zones de consommation, les zones d’encaissement de recettes pour les services publics pourraient, au même titre que les zones d’alimentation énergétique, faire l’objet de blocages ponctuels divers. Enfin, il y a aussi certainement beaucoup d’idées à prendre du côté des désobéissants et de leurs pratiques de sabotage interne aux entreprises ou aux services publics.